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seconde idée convient à la première, c’est-à-dire que le plomb est pesant. Je sçais ce qu’est le globe et ce qu’on entend par carré ; j’affirme alors que cette seconde idée ne convient pas à la première, c’est-à-dire que le globe n’est pas carré.

Le Raisonnement est une opération qui résulte de deux jugements. J’ai jugé, par exemple, que toute vertu est louable, et que la bienfesance est une vertu, j’en conclus que la bienfesance est louable.


DE LA PROPOSITION GRAMMATICALE.

On appelle proposition l’énonciation d’un jugement, l’expression de la sensation qu’on éprouve. Par exemple, transporté tout-à-coup dans un paradis terrestre, je lève, pour la première fois, les yeux vers le Ciel. Une admiration subite s’empare de tous mes sens, la beauté du firmament étonne ma vue, et je m’écrie : Ce Ciel est magnifique. Je porte mes regards sur tout ce qui m’environne ; des lis et des roses s’empressent de charmer mon odorat ; j’écris sur l’écorce d’un palmier : Ces roses,  ces lis sont odoriférants. Je  m’avance. Des raisins pendent, en festons, d’une vigne ; j’en détache quelques grains, je les goûte, et charmé du jus qu’ils contiennent, je dis : Ces fruits sont excellents. J’écoute tout ce qui se passe autour de moi ; j’entends le murmure d’un ruisseau, qui serpente dans la prairie ; et, plein d’un doux ravissement, je profère ces mots : Le murmure des eaux est enchanteur. Toutes ces expressions