montrons, pour ainsi dire, du doigt tout ce qui se passe dans notre esprit. Si l’homme est au-dessus des autres animaux, il doit cette prérogative, non seulement à la raison qu’il a reçue en partage, mais encore à l’usage qu’il fait de la parole, pour manifester ses pensées et les divers mouvements de son âme. Les mots sont donc des sons écrits ou articulés, dont la combinaison nous sert à transmettre nos idées. Ces sons, qui se réduisent à un petit nombre, nous suffisent, combinés ensemble, pour faire entendre une multitude innombrable de mots, qui, bien qu’ils ne renferment rien de conforme aux divers sentiments que nous éprouvons, décèlent néanmoins tout ce qui se passe au dedans de nous, tout ce que nous ressentons, tout ce qui a rapport aux différentes opérations de notre âme.
On distingue trois principales opérations de l’âme : la Conception, le Jugement et le Raisonnement.
La Conception est le simple regard de notre esprit sur un objet quelconque, sans qu’aucun jugement s’ensuive ; ce qui a lieu, par exemple, lorsque nous nous représentons Dieu, la foudre, un arbre, le soleil, etc.
Le Jugement est une opération de notre esprit, lorsque, rassemblant plusieurs idées, il assure que l’une convient ou ne convient pas à l’autre. Je conçois, par exemple, ce qu’est le plomb, et ce qu’est la pesanteur ; j’assure alors que cette
