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dans l’écriture. L’écorce ou le papier sur lequel on écrit, est, par rapport au langage, ce qu’est le miroir, par rapport aux objets qu’il réfléchit. Ces deux moyens de nous faire entendre, en fesant des impressions sur l’organe de l’ouïe, ou sur l’organe de la vue, s’acquièrent par l’étude, et toute étude suppose une science, un art quelconque. Celui qui consiste à parler et à écrire purement, s’appelle Grammaire. « Regarder cet art comme peu important, c’est se tromper, dit Quintilien. La Grammaire est, à l’égard de l’Éloquence, ce qu’est le fondement à l’égard de l’édifice. Si elle n’est établie solidement dans l’esprit, tout ce que l’on y mettra ensuite tombera à terre. La Grammaire, ajoute le même Rhéteur, est un art nécessaire aux enfants, agréable aux vieillards ; elle nous charme dans la solitude ; les personnes qui s’adonnent aux belles-lettres, en font leur plus cher amusement ; et l’on peut dire que, par un avantage qui lui est particulier, elle a plus de solidité et d’esprit, que d’ostentation et d’éclat. »

La Grammaire[1] a deux parties principales : l’Orthologie et l’Orthographe[2]. L’Orthologie est l’art de parler purement ; l’Orthographe est l’art d’écrire selon les règles consacrées par l’usage ou prescrites par l’étymologie. Parler, c’est énon-

  1. Grammaire vient du mot grec γράμμα (gramma) lettre, dérivé de γράφω (graphô) j’écris, et il signifie proprement la science des lettres.
  2. Voyez la Préface pour l’étymologie des mots Orthologie et Orthographe.