Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvoir m’acquitter de la parole que je lui donne à la fin de ce remerciment, de faire imprimer cette excellente traduction à la suite de mes poésies ; mais malheureusement un de mes amis[1], à qui je l’avois prêtée, m’en a égaré le premier chant ; et j’ai eu la mauvaise honte de n’oser récrire à Lisbonne pour en avoir une autre copie. Ce sont là à peu près tous les ouvrages de ma façon, bons ou méchans, dont on trouvera ici mon livre augmenté. Mais une chose qui sera sûrement agréable au public, c’est le présent que je lui fais, dans ce même livre, de la lettre que le célèbre M. Arnauld a écrite à M. Perrault à propos de ma dixième satire, et où, comme je l’ai dit dans l’Épitre à mes vers, il fait en quelque sorte mon apologie. Je ne doute point que beaucoup de gens ne m’accusent de témérité, d’avoir osé associer à mes écrits l’ouvrage d’un si excellent homme ; et j’avoue que leur accusation est bien fondée : mais le moyen de résister à la tentation de montrer à toute la terre, comme je le montre en effet par l’impression de cette lettre, que ce grand personnage me faisoit l’honneur de m’estimer, et avoir la bonté

Meas esse aliquid putare nugas[2] ?

Au reste, comme malgré une apologie si authentique, et malgré les bonnes raisons que j’ai vingt fois alléguées en vers et en prose, il y a encore des gens

  1. L’abbé Régnier Desmarais, secrétaire de l’Académie française.
  2. « De penser que les bagatelles que j’écris sont quelque chose. »
    Catulle, Lettre à Cornélius Aepos.