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du faux honneur, et je l’ai composée avec le même soin que tous mes autres écrits. Je ne saurois pourtant dire si elle est bonne ou mauvaise : car je ne l’ai encore communiquée qu’à deux ou trois de mes amis, à qui même je n’ai fait que la réciter fort vite, dans la peur qu’il ne lui arrivât ce qui est arrivé à quelques autres de mes pièces, que j’ai vu[1] devenir publiques avant même que je les eusse mises sur le papier ; plusieurs personnes, à qui je les avois dites plus d’une fois, les ayant retenues par cœur, et en ayant donné des copies. C’est donc au public à m’apprendre ce que je dois penser de cet ouvrage, ainsi que de plusieurs autres petites pièces de poésie qu’on trouvera dans cette nouvelle édition, et qu’on y a mêlées parmi les épigrammes qui y étoient déjà. Ce sont toutes bagatelles, que j’ai la plupart composées dans ma plus tendre jeunesse, mais que j’ai un peu rajustées, pour les rendre plus supportables au lecteur. J’y ai fait aussi ajouter deux nouvelles lettres ; l’une que j’écris à M. Perrault, et où je badine avec lui sur notre démêlé poétique, presque aussitôt éteint qu’allumé ; l’autre est un remerciment à M. le comte d’Ericeyra, au sujet de la traduction de mon Art poétique faite par lui en vers portugais, qu’il a eu la bonté de m’envoyer de Lisbonne, avec une lettre et des vers francois de sa composition, où il me donne des louanges très-délicates, et auxquelles il ne manque que d’être appliquées à un meilleur sujet. J’aurois bien voulu

  1. Aujourd’hui nous écririons vues.