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demoiselle, lui dit Boileau, excepté à plaire ; et c’est ce que vous savez le mieux. » On ne s’attendait pas à ce madrigal. Il était aimable quand il voulait, et avait quelques talents de société (sans parler du jeu de quilles). Il imitait à ravir la voix, la déclamation et les gestes, de toutes les personnes qu’il voyait et entendait, et contrefit une fois Molière devant Louis XIV. Une autre fois il imita en dansant M. Jeannart, l’oncle de La Fontaine. Si Racine n’en avait pas fait le récit, personne ne croirait jamais que Despréaux eût pu danser.

Parmi les anecdotes qu’il se plaisait à raconter, en voici deux qui revenaient souvent dans sa conversation, et qui sont assez piquantes. Mlle de Lamoignon, sœur du Premier Président, grande dévote, et personne du reste accomplie, lui reprochait un jour ses satires ; « Car il ne faut, disait-elle, médire de personne. C’est une règle absolue. — Mais quoi, dit-il, le Grand-Turc ? — Non vraiment : c’est un souverain ! — Mais le diable ? » L’objection embarrassa la dévote, qui réfléchit un moment. « Non, dit-elle à la fin ; il ne faut jamais dire de mal de personne. »

« Un bon prêtre à qui je me confessais, disait Boileau, me demanda quelle était ma profession. — Poëte. — Vilain métier ! Et dans quel genre ? — Satirique. Encore pis. Et contre qui ? — Contre les faiseurs d’opéras et de romans. — Achevez votre Confiteor. »

Nous avons vu Boileau danser tout à l’heure. Voici