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L’édition resta donc interrompue, et fut reprise, après la mort de l’auteur, par Valincour et l’abbé Renaudot. Elle parut en un seul volume in-4o divisé en deux parties. C’est l’édition de 1713, à laquelle la plupart des éditeurs suivants se sont référés. La satire sur l’Équivoque n’y était pas comprise, quoiqu’elle eût été publiée séparément en Hollande, quelques mois après la mort de l’auteur.

Quoique Boileau n’ait pas été ce qu’on appelle un homme du monde, et qu’il aimât peut à causer, on citait un grand nombre de mots de lui, peut-être parce qu’on était accoutumé à citer ses vers, et qu’on mit sous son nom des traits d’esprit inventés par les faiseurs de nouvelles. Parmi les anecdotes recueillies par Brossette, Renaudot, Monchesnai, Cizeron-Rival, bien peu méritent d’être tirées de l’oubli. Il assistait un jour à une discussion entre Molière et l’avocat Fourcroy, qui avait des poumons formidables ; il dit en se tournant vers Molière : « Qu’est-ce que la raison avec un filet de voix contre une gueule comme celle-là ? » Le libraire Barbin le fit dîner à la campagne dans une maison trop petite, où il y avait grande compagnie : « Je vous laisse, dit Boileau ; je retourne à Paris pour respirer. » Condé lui montra son armée toute composée de recrues, dont le plus âgé n’avait pas dix-huit ans : « Qu’en dites-vous, lui dit le prince. — Monseigneur, je crois qu’elle sera fort bonne, quand elle sera majeure. » On lui présenta, dans une soirée, une demoiselle, qui chanta et dansa médiocrement. « On vous a tout appris, ma-