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MM. Viollet-Leduc et Lassus. Les souvenirs historiques qui se rattachent à la Sainte-Chapelle sont nombreux et retracés dans divers ouvrages ; nous n’avons donc pas à nous y arrêter ici. Disons seulement que les quatre premiers chants du Lutrin sont ravissants, même pour nous, qui ne sommes plus, comme les contemporains de Boileau, de justes appréciateurs de toutes les convenances, et qui n’avons plus le sentiment des plaisanteries discrètes. Ils n’ont rien de comparable en leur genre, et surpassent de beaucoup pour l’invention, pour la richesse et la nature des peintures, pour la perfection du style, la Boucle de Cheveux enlevée de Pope, à laquelle ce poëme a été quelquefois comparé. Ces quatre chants (car il faut se garder de parler des deux derniers) dérangent un peu l’idée qu’on se fait du talent et du caractère de Boileau. On pouvait attendre de lui de la sagacité, de la noblesse ; mais, sans ce joli poëme, on n’en aurait pas attendu de l’enjouement.

Quant aux deux derniers, ils furent composés neuf ans après les quatre premiers. Nous voudrions expliquer cette longue interruption d’un ouvrage qui avait obtenu un si grand succès. Boileau, sans partager tous les scrupules religieux qui avaient irrévocablement éloigné du théâtre et de la poésie son ami Racine, en avait été frappé ; le genre qui était le sien n’offrait aucun danger pour le cœur et l’imagination, mais en voyant son ami ne plus faire de vers, il s’y sentait moins disposé lui-même. La tâche d’historiographe qui lui fut confiée à peu près à