Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sentiments d’une manière différente, il n’aime pas la campagne et la nature d’une égale passion. Comme on sent, on l’exprime. Ainsi Boileau qui n’affecta jamais rien, et ne prend la peine d’exprimer que ce qui le touche, ne va-t-il point chanter à tout venant les forêts, les prairies et les champs :

Et dans son cabinet, assis au pied des hêtres,
Faire dire aux échos des sottises champêtres.

Boileau rime au contraire selon qu’il est inspiré, au gré de sa verve et de ses préoccupations du moment, et c’est justement un des côtés distinctifs de son talent.

Après la mort de Racine, il ne sortit plus de sa résidence d’Auteuil que pour aller à l’Académie, ou faire quelque visite à ceux de ses parents qu’il affectionnait le plus. Comme il survécut à Molière et à Racine, et qu’il était le seul représentant désormais d’une grande époque littéraire, les écrivains de quelque renom et la plupart des jeunes poëtes désiraient faire une visite à la maison d’Auteuil. Boileau était sensible à cet empressement. Il recevait avec politesse, mais sans cordialité, en homme qui ne veut plus vivre que dans ses souvenirs. Le Verrier voulut acheter cette maison ; il consentit à la vendre par complaisance, et sur la promesse qu’on lui fit qu’il y serait toujours comme chez lui. Il y retourna plusieurs fois en effet ; mais un jour qu’il ne retrouva plus un berceau sous lequel il avait coutume de s’asseoir : « Antoine, dit-il au jardinier, qu’est devenu mon berceau ?