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ÉPÎTRE III.

1673.

À M. ARNAULD[1], DOCTEUR DE SORBONNE.

LA MAUVAISE HONTE.


Oui, sans peine, au travers des sophismes de Claude[2],
Arnauld, des novateurs tu découvres la fraude,
Et romps de leurs erreurs les filets captieux.
Mais que sert que ta main leur dessille les yeux,
Si toujours dans leur âme une pudeur rebelle,

  1. Antoine Arnauld, auquel était adressée cette épître, était le vingtième enfant du célèbre avocat Arnauld. Reçu docteur en théologie, il prit bientôt parti pour les jansénistes contre les jésuites, et écrivit plusieurs pamphlets qui le firent exclure de la Faculté de théologie. C’est alors qu’il alla s’enfermer à Port-Royal, où il composa avec Nicole et Pascal les fameux traités de théologie qui ont fait la gloire de cette célèbre société. Il ne revint à Paris que lors de la fameuse paix de Clément IX, et c’est pendant cette période d’apaisement dans la guerre entre les jésuites et les jansénistes que Boileau, toujours fidèle dans son amitié et son admiration pour Arnauld, composa sa troisième épitre.
  2. Claude, ministre protestant de Charenton, était un prédicateur éloquent et un controversiste habile. Toute sa vie se passa à lutter contre Bossuet, Arnauld et Nicole.