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et après ceux de Périclès et d’Auguste, glorieuses époques pour lesquelles il avait un véritable culte, il ne voyait rien à comparer au siècle de Louis le Grand. Il croyait assister à la fin de ce siècle et à la décadence littéraire. Loin d’encourager les nouveaux poëtes, il les traitait de barbares. Les succès de Crébillon et de Fontenelle lui faisaient regretter ses sévérités pour les Cassagne et les Lasserre. Ce dédain pour les tentatives nouvelles, cet amour exclusif de son temps, cette confiance absolue dans ses jugements et dans ses principes, complètent bien son caractère. Il devait finir ainsi. Il n’avait pas été moins décidé au commencement de sa carrière contre l’école de Ronsard et l’influence de Chapelain. C’était un esprit d’une qualité excellente, mais tout d’une pièce, et fort inaccessible à tout ce qui ne répondait pas à sa manière de comprendre le beau dans les arts.

Son intérieur n’avait jamais été fort attrayant. Quand il fut vieux garçon et malade, il devint morose et solitaire. Il jouait volontiers aux quilles. « Il faut avouer, disait-il, que j’ai deux grands talents aussi utiles l’un que l’autre à la société, l’un de bien jouer aux quilles, et l’autre de bien faire des vers. » Il logea d’abord chez son frère Jérôme, puis chez son neveu Dongois. Il s’était donné une maison de campagne en 1685 ; il avait alors quarante-neuf ans. C’est sa chère maison d’Auteuil, dont il a parlé si souvent, et où il vivait fort retiré.

Sa vie, en effet, s’y écoulait douce et unie. Il la passait sans trouble dans cette retraite, constamment