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DISCOURS DE L’AUTEUR
POUR SERVIR D’APOLOGIE À LA SATIRE SUIVANTE[1].


Quelque heureux succès qu’aient eu mes ouvrages, j’avois résolu depuis leur dernière édition de ne plus rien donner au public ; et quoiqu’à mes heures perdues, il y a environ cinq ans, j’eusse encore fait contre l’équivoque une satire que tous ceux à qui je l’ai communiquée ne jugeoient pas inférieure à mes autres écrits, bien loin de la publier, je la tenois soigneusement cachée, et je ne croyois pas que, moi vivant, elle dût jamais voir le jour. Ainsi donc, aussi soigneux désormais de me faire oublier, que j’avois été autrefois curieux de faire parler de moi, je jouissois, à mes infirmités près, d’une assez grande tranquillité, lorsque tout d’un coup j’ai appris qu’on débitoit dans le monde, sous mon nom, quantité de méchans écrits, et entre autres une pièce en vers contre les jésuites, également odieuse et insipide, et

  1. Composé on 1710, lorsque Boileau préparait une nouvelle édition de ses ouvrages.