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est pleine, et des embarras qui en rendent le séjour insupportable. Boileau a tiré deux satires de ce sujet : l’une, que les éditions placent la première, contre les vices de Paris ; l’autre, que les éditions placent la sixième, contre les embarras de Paris. Furetière fut le premier qui vit cette satire, en fourrageant parmi les papiers de Boileau, un jour qu’il allait visiter son frère Gilles Boileau, l’académicien, et par ses louanges, il inspira de la confiance à l’auteur, qui laissa courir quelques copies. Le succès fut assez grand, et l’on compta dès lors un poëte de plus « sur le Parnasse. » Artémise et Julie, c’est-à-dire en langue vulgaire, la marquise de Rambouillet et la duchesse de Montausier appelèrent Boileau dans leur cercle. Mais il n’était pas fait pour plaire au monde des précieuses, et lui-même s’en dégoûta dès le premier jour. Il y trouva Chapelain et Cotin dans toute leur gloire ; et le véritable service que lui rendit l’hôtel de Rambouillet, fut de lui fournir pour les satires suivantes ces deux illustres victimes. Il y trouva aussi Mme de La Fayette et Mme de Sévigné, qui étaient bien dignes de n’y pas aller, qui l’apprécièrent sur-le-champ, et le comptèrent désormais parmi leurs fidèles. L’amitié de Mme de La Fayette lui valut celle de M. de La Rochefoucauld. De proche en proche, il se lia avec Racine, Molière, La Fontaine. Il eut l’avantage, inappréciable pour tout écrivain, et nécessaire surtout à un critique, de vivre dans le commerce intime des esprits les plus distingués et les plus délicats de son temps. L’amitié qui