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Il obtint un bénéfice simple de huit cents livres, le prieuré de Saint-Paterne qu’il garda neuf ans. On assure qu’il aima une de ses parentes, nommée Marie Poncher de Bretonville ; qu’elle voulut résolûment se faire religieuse, et qu’il vendit son bénéfice pour payer sa dot. Cette aventure amoureuse, dont il nous est resté une pièce de vers qui n’est pas la meilleure de Boileau, est la seule trace de tendre sentiment qu’on puisse trouver dans toute sa vie.

On peut suivre jour par jour le développement de sa veine poétique, comme il l’aurait appelée lui-même, car il a pris soin de placer dans une édition faite sous ses yeux la table chronologique de ses œuvres. À vingt ans, son bagage littéraire se composait du Sonnet sur la mort d’une parente, de deux Chansons, et de l’Ode contre les Anglais. Il dit dans une note qu’il avait fait cette ode à dix-sept ans, mais que depuis, il l’avait accommodée. La vérité est qu’il l’avait faite à dix-huit ans, mais il se rajeunissait toujours d’un an, parce qu’un jour que Louis XIV lui demandait son âge, il lui avait répondu : « Sire, je suis né un an avant Votre Majesté, pour raconter ses grandes actions. » Il aurait perdu ce bon mot qui est assez médiocre, et ce trait de courtisan qui n’est pas des plus fins, s’il avait dit la vérité, car il était né, non pas un an, mais deux ans avant le roi.

Ce fut à vingt-quatre ans que Boileau composa sa première satire. C’est une imitation de la troisième satire de Juvénal où le poète latin nous représente Umbritius quittant Rome à cause des vices dont elle