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32. En guerre projectiles font échange

Chaque nation tient à son agronomie,
En fédération à son autonomie.
L’échange des obus et des balles de plomb
Arrête encor celui des balles de coton.
La guerre aux mains crispée les ouvre pour l’échange
En lançant le malheur, chacun défend sa grange.


Le libre échange a pour principales entraves la guerre, la peur, la prévoyance et l’ignorance. Comment voulez-vous, en cas de guerre, être dénué du nécessaire par un blocus ? Et puis enfin est-il possible que les Allemands et les Anglais faissent, pour ainsi dire, la cuisine pour toutes les nations ? Est-ce que chacun n’a pas ses goûts, industriellement parlant ? Et tel qu’on fait son lit on se couche.

Pourquoi donc ces concurrents voudraient-ils filer, tisser, forger pour nous et nous délivrer à leur gré, par ration, nos tissus et nos fers et nous laisser dans les manchons de la charrue à labourer nos champs et nos vignes, ou bien tranquillement à garder nos vaches et nos poules, pour leur envoyer par leurs bateaux notre blé, nos vins, nos beurres et nos œufs.

Puis nous considérant un jour comme un de leurs tenanciers, descendraient aussi facilement en France que dans leurs caves, et si d’un côté les Allemands en voulaient à notre champagne et les