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étudiants de toutes les nations civilisées à parler une ou deux langues étrangères en plus de leur langue maternelle, afin de pouvoir, pour les besoins de leurs intérêts, voyager plus facilement.

La langue maternelle est à un bon patriote un sentiment auquel on tient par habitude de la lecture et de l’écriture, comme pour ainsi dire par respect pour la patrie.

Il faut avoir voyagé seul à l’étranger, pour mieux comprendre qu’étant sur un bateau étranger et que par hasard vous distinguez quelques mots de votre langage national, cela vous fait plasir et au besoin espérer un appui.

Il m’est arrivé, dans mon voyage autour du monde, d’avoir entendu en passant près d’un maison une pianiste qui chantait en français. Il me semblait que c’était la voix de la patrie qui m’encourageait à supporter mon isolement.

C’est comme au milieu des hautes mers, quand on rencontre un navire portant notre pavillon national, on le suit des yeux et de la pensée, car on aime naturellement sa patrie, son langage, son climat, ses usages, ses marins et ses soldats.

Enfin voilà pourquoi et bien d’autres motifs dans les principales nations chacun voudrait que tout l’univers adopte sa langue nationale. C’est une question de jalousie, de vanité et d’intérêt très difficile à résoudre ; et même beaucoup la jugent impossible.

À cela on peut répondre hardiment : non, ce n’est pas impossible parce que c’est obligatoire ; et la nature, le raison, le temps