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Modeste fleur qui nais, t’épanouis et meurs sur la terre remuée d’une fraîche tombe, d’où vient le charme consolant que ta vue fait éclore dans notre ame attristée ? D’où vient, qu’en voyant tes mélancoliques corolles se dorer aux premiers rayons du jour, d’où vient que nos larmes alors coulent avec moins d’amertume pendant que, agenouillés et recueillis, nous prions sur le tombeau qui couvre un ami ? D’où vient qu’alors nos lèvres murmurent cette parole si douce, la seule qui puisse jeter une lueur de consolation dans un cœur assombri par la douleur : Espérance ! Oh ! c’est que ta destinée, pauvre fleur, est pareille à la destinée de celui dont la dernière demeure fut ton berceau ; pareille à celle de nous tous ! Lorsque, froide et humide, la brise automnale disperse au loin les débris de tes corolles, naguère si fraîches, si vives, si brillantes, maintenant fanées et noircies ; quand le souffle avant-coureur de la saison des neiges rompt et souffle de fange