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qui parle, lorsque la voix caressante des illusions cesse de charmer nos oreilles.

Trente ans ! — C’est alors que la réalité nous apparaît dans toute sa désolante nudité.

C’est alors que se soulève pour nous le linceul qui couvre le cadavre de la jeune fille que la veille encore nous vîmes si jolie, si fraiche, caresser de sa lèvre amoureuse les bords de la coupe enivrante de la vie ; hier elle folâtrait, la jeune fille, insouciante, heureuse ; hier on contemplait avec ivresse ces traits qu’animait une âme d’ange : — aujourd’hui nous reculons avec effroi en la voyant telle que la mort l’a faite.

La réalité ! voilà donc le mot de la grande