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le présent n’a quiune durée presque inappréciable, et que, dans Véternité, il dure toujours. L’éternité, apreprement parler, n’est donc autre chose qu’un présent éternel’.

Armé de cette définition, Boèce n’éprouve plus le \ moindre embarras pour résoudre le problème complexe de la liberté et de la prescience. Où est, en effet, la difficulté ? Si Dieu, dit-on, a prévu que tel homme accomplira teljour telle action, l’homme n’est pas libre de ne pas accomplir cette action ; autrement la prescience de Dieu serait en défaut, ce qui est contraire à Vhypothèse. « Construisez votre phrase autrement, ou changez seulement deux mots, répond Boèce, et la difficulté s’évanouira. Dieu est éternel ; à ce titre, il n’y a pour lui ni passé ni futur ; toutes choses, celles qui n’existent plus pour vous, ou qui pour vous n’existent pas encore, il les voit, lui, dans un présent toujours actuel et absolu ; ne dites donc pas : « Dieu a prévu que tel homme accomplira telle action, » mais : « Dieu voit que tel homme accomplit telle action. » Cela étant, en quoi la connais- · sance que Dieu a de l’action, au moment même où elle l’accomplit, peut-elle faire obstacle à la liberté de l’homme ?

Ce raisonnement est spécieux, En coup sûr, et conforme à toutes les règles de la dialectique ; néanmoins, il étonne l’esprit sans le convaincre. On accorde bien à Boèce qu’il n’y a aucune similitude entre le temps et 1. Crm.s0/., p. 317, sq.