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L
INTRODUCTION.

prudence, et de persévérer dans leur vol jusqu’au moment où, leurs ailes ne battant plus que le vide, l’audace de leur essor devait être punie par la profondeur de leur chute. La psychologie de Boèce, on le pense bien, n’est que le résumé fidèle des doctrines de l’ancienne et de la nouvelle Académie. Selon lui, les idées existent indépendamment des objets qu’elles représentent[1], ou même, à proprement parler, elles ne représentent aucun objet, et ne sont que l’expression de nos facultés en exercice. Ces facultés sont au nombre de quatre : la sensation, l’imagination, la raison et l’intelligence[2]. La sensation, comme son nom l’indique, produit les idées sensibles ; certains animaux, ceux entre autres qui sont dépourvus d’instruments de locomotion, comme les coquillages, qui vivent et meurent attachés au même rocher, n’ont d’autres moyens de connaître que la sensation. Élevée d’un degré au-dessus de la sensation, l’imagination produit spontanément les idées purement intellectuelles, et cette faculté fonctionne, concurremment avec la première, chez la plupart des animaux. La raison s’exerce sur les idées particulières produites, tant par la sensation que par l’imagination ; elle les rapproche, les compare, saisit leurs rapports, et s’élève par l’abstraction à la con-

  1. Consol., pp. 303-305.
  2. Consol., p. 303. — Proclus énumère nos facultés dans le même ordre, les désigne par les termes équivalents de αἴσθησις, φαντεσία, λόγος, νόησις, et leur assigne le même rôle dans la genération des idées.