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NOTES DU LIVRE I.

ou même elles lui préexistent ; ou du moins l’âme, qui est immortelle, et qui, par conséquent, a pu être avant son existence actuelle, en participait déjà dans un autre monde, et les idées ne sont pas autre chose que des ressouvenirs de connaissances antérieures. Ce n’est point à l’analyse que sont empruntés de pareils résultats ; l’analyse montre que certaines idées sont en elles-mêmes distinctes des idées sensibles ; mais indépendantes, mais antérieures, mais innées, mais préexistantes dans un autre monde, elle n’en dit pas un mot, et voilà l’idéalisme, parti d’une distinction vraie, qui se précipite dans la route de l’abstraction et de l’hypothèse. »

(Cours d’hist. de la phil. mod., ive lecon.)

Platon, le premier, a exposé dogmatiquement cette doctrine de la réminiscence, mais il n’en est pas l’inventeur. Il l’attribua lui-même, dans un passage du Ménon que nous rapporterons ailleurs (voy. la note 29 du livre III, p. 367), à Pindare, aux anciens poëtes et aux prêtres. Elle était probablement aussi professée par Pythagore, bien qu’elle ne se trouve formellement énoncée dans aucun des fragments authentiques qui nous restent de ce philosophe ; car il ne faut pas confondre le dogme de la réminiscence avec celui de la métempsycose ; néanmoins, comme d’après Platon lui-même, il était enseigné par les prêtres, et que l’enseignement théologique avait été fondé ou régularisé par Orphée, il est difficile que Pythagore n’en ait pas eu connaissance, puisque, selon la tradition, il avait été initié aux mystères orphiques à Libéthra, ville de Thrace où, de son temps, ces mystères se célébraient dans toute leur pureté.

Note 37. Page 37.

Là il n’y a qu’un maître et qu’un roi.

Réminiscence d’un mot légèrement modifié d’Homère. Ulysse, parcourant le camp des Grecs pour les exciter au combat, interpelle ainsi individuellement les mécontents de l’armée :

Δαιμόνι’, ἀτρέμας ἧσο, καὶ ἄλλων μῦθον ἄκουε,
Οἳ σέο φέρτεροί εἰσι· σὺ δ’ ἀπτόλεμος καὶ ἄναλκις,
Οὔτέ ποτ’ ἐν πολέμῳ ἐναρίθμιος, οὔτ’ ἐνὶ βουλῇ·
Οὐ μέν πως πάντες βασιλεύσομεν ἐνθάδ’ Ἀχαιοί·
Οὐκ ἀγαθὸν πολυκοιρανίη· εἷς κοίρανος ἔστω,
Εἷς βασιλεύς.

« Misérable, assieds-toi sans mot dire et écoute ceux qui valent mieux que toi. Tu ne comptes ni dans la bataille, ni dans le conseil. Nous ne sommes pas tous rois, ici. Il n’est pas bon que tous commandent. Il ne faut qu’un chef et qu’un roi. »

(Iliade, ch. II, v. 200, sq.)