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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. V. 323 pas non plus les jugements qulelle en doit porter, mais d’un seul et même regard elle distingue clairement les événements dont l’accomplissement futur est nécessaire, de ceux qui se réaliseront indépendamment de toute nécessité. C’est ai11si que vous-mêmes, lorsque vous voyez au même moment un homme se promener sur la terre, et le soleil se lever dans le ciel, bien que ces deux faits vous apparaissent simultanément, vous distinguez entre eux et jugez néanmoins que l’un est libre tandis que l’autre est nécessaire. Ainsi, l’intuition divine qui embrasse tout à la fois, nlaltère en rien la qualité des choses, qui, pour elle, SOIIÈ toujours présentes, et ne sont futures que pour le temps. D’où il suit que Dieu connaît les événements à venir, non par simple conjecture, mais avec une certitude fondée sur la vérité même, bien qu’il sache en même temps que leur réalisation n’est pas nécessaire. Acela, si tu 111,0Dj€CÈ€S qu’1111 événement que Dieu prévoit ne peut pas ne pas arriver, et que s’il ne peut pas ne pas arriver, il arrive de toute nécessité, poussée dans mes derniers retranchements par ce mot de nécessité, j’avoue1·ai que cette nécessité est une chose très-réelle, mais qu’elle 116 peut guère être comprise que par un esprit habitué à la méditation des choses divines. Je répondrai que le même événement à venir est, à la vérité, nécessaire si on le rapporte à la connaissance que Dieu en a, mais que, considéré dans sa propre nature, il est indépendant de toute contrainte. Il y a en effet deux sortes de nécessités : l’une, absolue ; telle est celle qui assujettir tous les hommes à la mort ; l’autre conditionnelle ; par exemple, lorsque tu sais qulun homme se promène, il est nécessaire que cet homme se promène en effet. Car un fait qu”on connaît positivement ne peut pas différer de llidée qulon en a. Mais cette condition n’entraîne pas une nécessité absolue ; car, ici, la nécessité résulte non de la nature du sujet même, mais de la