un pacte sacrilège avec les esprits infernaux. Nous l'avons vu, d'ailleurs, la simple présomption de polythéisme ne suffisait pas pour que la loi intervint; il fallait pour cela que les accusés fussent soupçonwis, ou d`adorer les divinités paîennes, ou d'avoir conclu avec elles quelque pacte mystérieux; en sorte qu`accuser Boèce de magie, c’était l'accuser, non-seule- ment de croire au paganisme, mais de le pratiquer.
L'inculpation était claire et Boèce ne pouvait s'y méprendre; mais il lui était impossible de la réfuter victorieusemcnt; aussi essaye-t-il de se tirer d'embarras par une équivoque. Au lieu de répondre, comme il 11’eût pas manqué de le faire s`il n`eût craint d’être démenti parla voix publique, qu`il u’avait rien de commun avec les dieux du paganisme, il prend un biais, chicane sur les mots, et adjure la Philosophie de déclarer s’il est possible qu’un homme qu’elle a pris il tâche de conduire vers Dieu, lasse un pacte avec des esprits immondes. Cette dénégation embarrassée équivaut, il faut bien le dire, En un
1 . Ce passage si important du livre de la Con.wIatimz a été généralement mal entendu par les commentateurs, et cela devait ètre; ils croyaient Boèce chrétien ; mais nous sommes surpris que sur ce point la sagacité cl’0bbarius se soit trouvée en défaut. Selon lui, Vztccuszttion de sacrilège intentée à Boèce équivalait à une accusation de conspiration contre les institutions politiques de l`ÉtAt. Mais, dans cette hypothèse, comment expliquer le système de défense de Boèce? Ohbarins ne le dit pas. Et comment ne s’est-il pas aperçu, d’ailleurs, que Boèce ne confond pas l'accusation de magie avec celle de conspiration contre l’État, mais les distingue, au contraire, puisque nous voyons quil s’en défend successivement ?