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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. V. 287 Tout autre est le pouvoir du Créateur du monde ; Chassant les ombres de la nuit,

Dans les plus noirs replis de la terre et de l’onde Son regard de feu plonge et luit.

Avenir et passé l présent ! triple mystère Qui pour liÉternel n’est qu’un jeu

Puisque Dieu seul voit tout, dites, fils de la Terre : Il n’est d’autre Soleil que Dieull »

V

Je pris alors la parole 2 « Me voici, dis-je, embarrassé dans une nouvelle difficulté plus ardue que les autres.-De quoi s’agit-il ? demanda-t-elle. Je soupçonne pourtant la cause de ta perplexité.—Il me semble, repris-je, qu’il y a incompatibilité absolue entre la prescience universelle de Dieu et la liberté de l’homme. Car si Dieu prévoit tout et qu’en aucun cas il ne puisse se tromper, il faut nécessairement que les événements dont sa Providence a prévu la réalisation, se réalisent. Donc, s’il prévoit de toute éternité, non-seulement les actions des hommes, mais encore leurs desseins et leu-rs intentions, la liberté n’est qu’un vain mot ; car aucune action ne pourra s’exé- ’ cuter, aucune intention ne pourra se former que celles qui auront été pressenties par l’infaillible Providence. En effet, si les événements peuvent avoir un autre cours que celui qui a été prévu, la prescience divine pourra être en défaut ; ce ne sera plus dès lors qu’une opinion dénuée de certitude ; ce qu’à mon avis on ne peut penser de Dieu. Je n’approuve pas, en effet, le raisonnement de certains philosophes qui croient pouvoir trancher ainsi le nœud de