Page:Boethius - Consolation 1865.djvu/367

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA CONSOLATIC)l’î PHILOSOPHIQUE, Lllv. V. 233 Troncs diarbres par les flots détachés de la rive, Barques et lourds vaisseaux, au hasard tout dérive Vers un gouffre unique et profond.

Cette confusion pourtant nlest qulapparente : Les fleuves, les torrents sur un terrain en pente Coulent entraînés par leur poids ;

De même le hasard qui semble aux yeux de l’homme, Commeun coursier fougueux, errer sans guide, en somme Connaît un frein, subit des lois.

Ill

— Cela est vrai, dis-je, et je reconnais que tu as raison. Mais dans cet enchaînement de causes liées les unes aux autres, y a-t-il place pour notre libre arbitre, ou l’activité de llzime humaine est-elle aussi fatalement à la chaîne ? — Le libre arbitre existe, répondit-elle, et il n’y a pas de créature raisonnable qui n’en soit pourvue. Tout être en possession de sa raison naturelle est doué de jugement ; par le jugement il distingue et démêle ce qu’il faut éviter ou rechercher ; il tend à ce qui lui semble désirable, et il fuit ce qu’il croit qu’on doit · fuir. Donc, les êtres pourvus de raison ont aussi la liberté de vouloir et de ne pas vouloir. Mais je pose en principe que cette liberté, ils ne la possèdent pas tous à un égal degré. Les êtres d’un ordre supérieur, les substances célestes ont un jugement pénétrant, une volonté entière et le pouvoir de réaliser leurs désirs. Quant aux âmes humaines, elles sont d’autant plus libres nécessairement, qu’elles se maintiennent de plus près