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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. IV. 265 lnfidèle au pôle on ne voit pas l’Ourse ’1’eindre de ses feux les flots de la mer. Toujours en deux parts la lumière et l’ombre Divisent le temps : ainsi, tour à tour, Aujourd’hui Vesper prévient la nuit sombre, Demain Lucifer ramène le jour. De l’astre inconstant la marche varie Sans troubler du ciel l’ordre harmonieux " ; L’amour est son guidel — A jamais bannie, La haine ne peut approcher des cieux. Le chaud et le froid, le sec et l’humide Se souffrent l’un l’autre et vivent en paix " ; Le feu dans les airs s’élance rapide, La terre fléchit sous son propre faix. Le tiède Printemps de fleurs se couronne ; L’Eté fait mûrir les dons de Cérès ; Le pressoir gémit lorsque vient l’Automne, L’Hiver en torrents change les guèrets. Tout ce qui respire et vit sur la terre Va se transformant, saison par saison ; Toujours un berceau, sublime mystère, Fait poindre une tombe à l’autre horizon. Si tout marche ainsi, si tout suit sa voie, C’est que le regard du Dieu souverain Veille sur le monde, et que sa main ploie L’univers entier sous un joug d’airain. De tout ce qui vit éternelle Source, Père et Créateur, Juge, Maître et Roi ",