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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. IV. 243 Vous différez de mœurs, d’esprit et de maximes, Et pour de tels griefs, ô frères inhumains, Blessant, blessés, toujours ayant du sang aux mains, Vous luttez follement de haines et de crimesl Où sont de vos afureurs les motifs suffisants ? Pourquoi ce grand courroux et ce zèle hypocrite ? Voulez-vous à chacun rendre ce qu’il mérite ? Sachez aimer les bons et plaindre les méchants. n IX

Je pris alors la parole : et Je comprends, dis-je, le genre de félicité ou de malheur qui, selon qu’ils le méritent, est le partage des bons et des méchants. Mais dans les hasards de la fortune, telle qu’on Ventend dl ordinaire, je vois la part du mal comme du bien. Certes, il nly pas un sage qui, à l’exil, à la pauvreté, à Vignominie, ne préférât la richesse, la considération, la puissance et le bonheur de vieillir en paix dans sa patrie. La sagesse, en effet, remplit sa tâche avec plus d’éclat et d’autorité, quand elle peut communiquer en quelque sorte sa propre félicité aux peuples qui ont le bonheur d’être gouvernés par elle. Ajoute à cela que la prison, les fers et les autres châtiments inscrits dans les lois ne doivent revenir qulaux méchants, puisque c’est contre eux qu’ils ont été U décrétés. Aussi, quand je vois que, par un renversement étrange, les gens de bien sont traînés au supplice à la place des scélérats, et que les méchants s’emparent des récompenses dues à la vertu, ma surprise est extrême, et je désire savoir de toi les raisons dïune si déplorable