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LA (.ÃONSOL.\’l’1ON l’H[L©SOPHlQ[il£, LIV. IV. È] ? dans ce cas, ils cessent non-seulement d’être forts : ils cessent absolument d’être. Car ceux qui renoncent à la fin commune de tout ce qui existe, cessent pareillement aussi d’exister.. On s°étonnera peut-êt1·e de cette proposition, que les méchants, qui forment la majorité du genre humain, n’existent pas ; il en est ainsi pourtant. Que les méchants soient méchants, ce n’est pas ce que je nie ; mais je nie qu’ils existent purement et simplement 7. En effet, de même que tu appellerais un cadavre « un homme mort, » et ne pourrais l’appeler simplement «un homme, » de même, j’accorderai, sil’on veut, que les vicieux sont des méchants ; mais qu’ils existent dans le sens absolu, on ne m’en fera pas convenir. Ce qui existe, en effet, c’est ce qui garde les lois de la nature et s’y conforme ; toute créature qui s’en écarte, renonce au principe de vie qui est en elle. Cependant, diras-tu, les méchants peuvent quelque chose. Je ne dis pas le contraire, mais ce pouvoir qu’ils ont procède, non de la force, mais de la faiblesse. En effet, ils peuvent ie mal, et ils ne le pourraient pas s’ils avaient conservé la puissance des gens de bien. Et c’est précisément cette possibilité de faire le mal qui prouve le plus clairement leur impuissance. Car si le mal niest rien, comme je l’ai démontré il n’y a qu’un instant, les méchants ne pouvant que le mal, on doit conclure quvils ne peuvent rien. — C’est évident. — Et, pour mieux te faire comprendre à quoi se réduit cette possibilité, rappelle-toi que nous avons dit tout à l’heure que nulle puissance 11’est comparable à celle du souverain bien. — y Je m’en souviens, dis-je. — Mais le souverain bien ne peut pas produire le mal. — Non certainement.—Continuons : y a-t-il quelqu’un au monde pour croire que les hommes peuvent tout ?—Non, à moins d’être insensé.-Et cependant ils peuvent faire le mal. — Plût à Dieu, m’écriai-je, qu’ils n’eussent pas ce pouvoir ! — Donc,