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LA CONSULATION PHILOSOPHIQUE, LIV. [V. 205 déjà assez digne d’étonnement, tu en conviens sans I doute ; mais voici qui est plus grave : tandis que le vice règne et prospère, la vertu non-s cule ment se voit frustrée de toute récompense, mais elle est encore foulée aux pieds des scélérats et traînée au supplice à la place du crime. Que les choses se passent ainsi dans le royaume d’un Dieu qui sait tout, qui peut tout, et qui ne veut que le bien, c’est ce dont on ne peut assez s’étonner ni se plaindre. » Elle alors : « Ce serait, en effet, un incroyable sujet de stupéfaction, et la plus horrible des monstruosités, si, comme tu le penses, chez un père de famille si grand, dans une maison si bien ordonnée, d’ignobles vases s’étalaient à la place d’honneur, tandis que des vases précieux se terniraient dans la poussière ; mais il n’en est pas ainsi : En effet, si nous maintenons entières les conséquences que nous avons tirées de nos principes, celui dont le gouvernement nous occupe t’apprendra lui-même que la puissance appartient toujours aux bons, et que abjection et la faiblesse sont toujours le lot des méchants ; que le vice n’est jamais sans punition, ni la vertu sans récompense ; que le bonheur est toujours réservé aux bons, et le malheur aux méchants. Il te révélera cncore d’autres vérités du même genre, qui imposeront silence à tes plaintes et te rendront la force et le courage. Et maintenant. qu’instruit par mes leçons tu sais en quoi consiste la vraie félicité et en quel lieu elle réside, je vais rapidement toucher tous les points qu’il me paraît nécessaire d’examiner d’abord, puis je t’indiquerai la route qui doit te ramener à ta demeure. Je donnerai même à ton esprit des ailes pour s’élever dans l’espace. Affranchi de toute inquiétude, c’est’sous ma conduite, par mon sentier, sur mon char, que tu retourneras sain et sauf dans ta patrie.