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IA CONSOLA’l’ION PHILOSOPHIQUE, LIV. IH. ISS d’un mouvement raisonné, mais d’un instinct naturel. La Providence, en effet, a doté ses créatures de la plus puissante cause de durée en leur donnant le désir instinctif de durer autant que leur nature le comporte ; elest pourquoi tu ne peux aucunement douter que tous les êtres qui existent ne tendent instinctivement à conserver l’existence et à éviter ce qui peut leur nuire. — Tavoue, . dis-je, queje vois maintenant avec certitude une vérité qui longtemps m’avait paru douteuse. — Mais, reprit-elle, un être qui aspire à la durée de son existence, aspire aussi à liunité de ses parties, car, cette unité détruite, il ne survivrait pas un moment. — C’est vrai, dis-je. — Donc, tous les êtres aspirent à l’unité. — Clest accordé.-Mais fai prouvé que l’unité est identique au souverain bien. — J’en conviens. — Donc, tous les êtres aspirent au souverain bien, qu’on peut dès lors définir ainsi : le souverain bien nlest autre chose que ce que désirent tous les êtres.—Il est impossible, répondis-je, d’imaginer rien de plus vrai. En effet, ou tous les êtres ne tendent à rien, et, privés de l’unité, qui est pour ainsi dire leur tête, ils flotteront au hasard et sans guide. ; ou, s’il y a réellement un but vers lequel ils se précipitent à l’envi, ce but ne peut être que le bien suprême. » Elle alors : «O mon élèvel tu me rends trop heureuse Ta pensée a touché la vérité comme un trait bien dirigé touche le milieu de la cible ; mais, en même temps, tu as vu clairement ce que tout à l’heure tu disais ignorer. —·Et quoi donc ? demandai-je. — Ce qu’est la fin réelle de toutes choses, répondit-elle : c’est, en effet, ce qui est désiré par tous les êtres ; et comme nous avons conclu que llobjet de leurs désirs est le souverain bien, il faut nécessairement convenir que la fin de tous les êtres est le souverain bien.