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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. III. 19.*1 des jouissances à l’âme. Pour en revenir aux préoccupations de l’homme, tout obscures que soient ses souvenirs, il veut pourtant rentrer dans le souverain bonheur ; mais comme un passant aviné, il ne reconnaît plus le chemin de sa maison. Et par le fait, crois-tu qu’ils soient dans l’erreur, ceux qui travaillent à ne manquer de rien ? Assurément la meilleure condition pour jouir de la béatitude serait un état ou lion posséderait tous les biens en abondance, où l’on ne manquerait de rien, où, par conséquent, on se suffirait à soi-même. Se trompent-ils encore ceux qui considèrent ce qui est excellent comme llobjet le plus digne de vénération et de respect ? Non, sans doute. Car ce ne peut être une chose vile et méprisable que ce souverain bonheur auquel presque tous les mortels s’efforce ut dl atteindre. Est-ce qulau nombre des biens il ne faut pas compter la puissance ? Quoi doncl la faiblesse et l’impuissance seraient-elles le partage de ce qui prime incontestablement toutes choses ? Ne faut-il faire nulle estime de la gloire ? Mais ces deux qualités sont inséparables : ce qui est excellent est nécessairement aussi très-glorieux. Après cela, que la béatitude soit exempte de soucis, de tristesse, de peines et d’afflictions, à quoi bon le dire, puisque dans les choses mêmes les moins importantes, ce que nous voulons, c’est le plaisir de les posséder et d’en jouir ? Or ce sont là les avantages que les hommes veulent s’assurer ; et s’ils désirent les richesses, les honneurs, la domination, la gloire et les plaisirs, c’est qu’ils croient se procurer par là la satisfaction de leurs besoins, la considération, la puissance, la célébrité et la joie. (Yest le bonheur évidemment que les hommes recherchent par des voies si différentes ; en quoi se manifeste clairement l’énergie invincible de la nature, puisque, si diverses, si contradictoires que soient leurs idées, ils s’accordent néanmoins S1 poursuivre un même but : le bonheur.