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xv
INTRODUCTION.

naçait l’empereur Justin, persécuteur implacable des ariens, d’exercer sur les catholiques d’Occident de terribles représailles ; mais il s’en tint à la menace, et hormis le pape Jean, qui fut jeté en prison pour avoir échoué, comme il convenait, dans une mission dont il n’aurait pas dû se charger[1], il ne paraît pas que dans toute l’Italie la colère du rince arien ait fait une seule victime. Mais à supposer que le sang eût été versé, à quel titre Boèce eût-il pu prétendre au martyre ? Où est la preuve de la ferveur de son catholicisme ? Où est la preuve même qu’il ait été chrétien ?

On en donne plusieurs : la première c’est qu’à la fin du cinquième siècle le paganisme avait depuis longtemps disparu de l’Italie. Mais cette assertion est contredite par tous les monuments historiques, et nous avons encore le traité dans lequel le pape Gélase Ier, qui gouverna l’Église sous Théodoric, répondant au sénateur Andromaque, s’oppose au rétablissement des Lupercales[2]. Théodoric lui-même, par un édit dont Cassiodore nous a conservé le texte[3], et qui n’eut

  1. Théodoric l’avait solennellement envoyé auprès de l’empereur Justin pour sommer ce prince de restituer aux ariens les églises qui leur avaient été enlevées à la sollicitation des orthodoxes. Il faut avouer que pour un pape la commission était étrange. (V. Baronius, Annales ecclesiast.)
  2. De Lupercaliam intermissione. Cf. Fabricius, Bibl. med. et inf. latinit. ; Baronius, Annal. ecclesiast., et l’Hist. ecclésiast. del’abbé Fleury.
  3. « Si quis pagano ritu sacrificare fuerit deprehensus… sub justa œstimatione capite puniatur. » (Cassiod., edict. 108.)