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LA CONSOT, A’l’lON PHlLOSOPHIQUE, Liv. Il} 105 Rhl que me fait un nom pompeux,

Si l, llOmIIJ€, une fois mort, n’est que cendre et fumée ? Sous votre épitaphe étendus,

Pour grand que soit l’éclat de votre renommée, Vous restez pourtant inconnus.

Mais des mortels fameux peut—·être que la vie · Par delà le tombeau s’étend É) ’

Qulimportc ? puisqu’il faut qulun jour on vous oublie, Un second trépas vous attend.

XV

Cependant, comme tu pourrais me reprocher de faire à la Fortune une guerre à outrance, je veux bien avouer que de temps à autre cette perfide divinité rend quelques services aux hommes ; c’est lorsqu’elle se montre telle qulelle est, et qulelle découvre son visage naturel. Peutêtre ne me comprends-tu pas encore. Ce que je vais dire est si extraordinaire, que je puis à peine trouver des mots pour expliquer ma pc11sée. Je soutiens que la mauvaise fortune est plus profitable aux hommes que la bonne. Celle-ci, en effet, nia que l’apparence du bonheur, et quand elle parait sourire, elle ment : l’autre, au contraire, est toujours sincère, lorsque par ses caprices elle prouve son instabilité. Llune trompe, l’autre instruit ; I’une, par Vappât des biens trompeurs qulelle leur procure, asservit les âmes : en leur faisant connaître la fragilité du bonheur, l’autre les affranchit. C°est pourquoi la première paraît fantasque, capricieuse, ne sachant jamais ce qu’elle veut : la seconde est sobre, prête à l’action, et rendue avisée par les leçons mêmes qu’elle donne. Enfin,