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LA (]ONSOLA’l’ION l’llI]..OSOPl-lIQU]’], LIV. Il. 99 dans l’enceinte si. bornée de ce pauvre réduit habitent nombre de nations séparées les unes des autres par le langage, par les mœurs, par toutes les habitudes de la vie, et que la difficulté des routes, la diversité des idiomes, la rareté des communications, mette11t obstacle à ce que la renommée, je ne dis pas dlnn homme, mais 4 des cités même, puisse se répandre au loin. Du temps de Cicéron, comme il le dit expressément quelque part “’, le nom de la république romaine n’avait pas encore franchi le mont Caucase ; et pourtant elle était alors dans toute sa force, et à elle s°était rendue redoutable aux Partlies et aux autres peuples de ces régions. Comprends-tu maintenant combien est bornée, combien est étouffée la gloire que vous avez tant à cœur de propager et d’étendre ? Où s’est arrêtée la renommée du peuple romain, comment pourrait pénétrer le nom d’un citoyen de Rome ? Que dire encore si les mœurs et les institutions des peuples sont à ce point différentes, que ce qui est un titre de gloire ’ chez les uns, soit, au jugement des autres, un crime digne du dernier supplice ? Il suit de là que l’homme amoureux de la renommée ne trouve aucun profit à répandre son nom chez un grand nombre de peuples. Donc chacun devra se contenter de la gloire qu’il aura acquise parmi les siens, et ainsi les frontières d’une seule nation emprisonneront cette immortalité si bruyante.

Mais encore, combien d’hommes, illustres de leur vivant, qu’a dévorés l’oubli, faute d’écrits qui racontent. leur gloire “’l Et d’ailleurs, à quoi bon les écrits, puisqu’ils sont condamnés ainsi que leurs auteurs à se perdre un jour dans l’obscurité des siècles ? Vous vous croyez assurés de l’immortalité en pensant que votre nom vivra dans l’avenir ? Mais si tu réfléchis à la durée infinie de I Véternité, comment peux-tu te réjouir de la longévité de ton nom È) lfespace d’un moment et le cours de dix mille années peuvent être mis en regard, car chacune de ces