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LA COKSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. II. 93 les mains des méchants, il est évident aussi que par elles-mêmes elles ne sont pas des biens, puisqu’elles peuvent se combiner avec ce qu’il y a de pire. Il faut conclure de même et à plus forte raison à l’égard de tous les dons de la Fortune, puisque c’est sur les plus malhonnêtes gens quiils se répandent avec le plus de profusion. Et à ce sujet, voyez encore : personne ne doute du courage de l’homme qui a fait publiquement preuve de bravoure, et celui qui sicst distingué à la course passe sans conteste pour un bon coureur. Par la même raison, la musique fait les musiciens, la médecine les médecins, la rhétorique les rhéteurs. Toute cause agit conformément à sa nature, et, loin de confondre ses effets avec ceux des causes contraires, élimine par sa propre énergie tout ce qui lui est antipathique. Or, ni les richesses ne peuvent assouvir l’insatiabilité de l’avarice, ni la puissance assurer la possession de soi-même à l’homme que de honteuses passions retiennent dans des liens indissolubles ; jiajoute que les honneurs conférés aux pervers, non seulement ne font pas qu’ils en soient dignes, mais trahissent plutôt et font éclater au grand jour leur indignité. Pourquoi cela ? Ciest qulon se plaît à donner abusivement aux choses des noms qui ne leur conviennent nullement et que la réalité dément bientôt. C’est ainsi que ni ces richesses, ni cette puissance, ni ces dignités, ne méritent leurs noms. En résumé, on peut en dire autant de tous les biens de la fortune, puisqu’il est manifeste qu’ils n’ont rien de désirable, rien de bon naturellement ; quîils nléehoient pas toujours aux lionnêtes gens, et qu’ils ne rendent pas meilleurs ceux qui les possèdent.