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INTRODUCTION.

contredit, la plus glorieuse de sa vie, non pas parce qu’il y fut décoré d’un titre qu’avaient porté avant lui bien des personnages dédaignés ou flétris par l’histoire, mais parce que, prenant au sérieux des devoirs

    enthousiasme les vertus de son mari. Qui était ce mari ? Un poëte apparemment, puisque la femme était poëte elle-même. La conséquence n’était pas rigoureuse ; elle fut admise pourtant sans difficulté, et de plus, comme les poëtes étaient assez rares du temps de Théodoric, le nom de Boèce fut prononcé tout d’une voix.

    Aucune de ces suppositions ne résiste à un examen quelque peu attentif.

    1° Boèce, né entre 470 et 475, ne pouvait avoir en 500 des fils en âge d’être consuls. Ceux qui le font naître plus tôt, malgré le témoignage d’Ennodius, le confondent avec son père Flavius Manlius Boetius, qui fut consul en 487.

    2° Les consuls de l’an 500 ne sont pas des personnages inconnus dont on puisse arbitrairement établir la filiation. L’un, Hypatius, était le propre neveu de l’empereur Anastase ; l’autre, Patricius, était originaire de Phrygie, et avait occupé des emplois considérables à la cour de Constantinople.

    3° Rien n’indique que Boèce ait prononcé le panégyrique du roi lors de la première entrée de ce prince à Rome. Il résulte au contraire du passage même où il rappelle cette circonstance, que l’impression qu’il en avait conservée était encore toute récente à l’époque où il écrivait le traité de la Consolation philosophique.

    4° D’après la chronique de Cassiodore, les consuls de l’an 522 se nommaient Symmaque et Boèce. Or, en 524, Boèce donne à ses fils adolescents le titre de personnages consulaires (Consol., p. 71). Il est donc difficile de ne pas reconnaître ces deux jeunes gens dans les consuls de l’année 522.

    Il faut conclure de cette remarque que si les fils de Boèce ont exercé le consulat en 522 et non en 500, il est inutile de supposer à notre auteur des enfants d’un premier lit, et dès lors l’hypothèse, si mal justifiée d’ailleurs, de son mariage avec Elpis, demeure sans objet.

    Cette discussion paraîtra, nous le craignons, d’un médiocre in-