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ix
INTRODUCTION.

opérer le miracle d’Orphée lorsqu’il apprivoisait des hordes sauvaees par la douceur de ses accords[1]. »

Cette réminiscence mythologique eût paru, sans doute, assez impertinente à Clovis ; elle prouve du moins que le terrible roi des Goths ne dédaignait pas de s’égayer à l’occasion.

Jeune, noble, riche, admiré de toute l’Italie, en crédit à la cour, Boèce pouvait aspirer aux plus illustres alliances. Il choisit pour sa femme Rusticiana, fille du patrice Symmaque, l’homme peut-être qui, par la dignité de son caractère et l’intégrité de ses mœurs, a le plus honoré l’agonie de l’Empire. Rusticiana se montra toujours digne d’un tel père et d’un tel époux, et si l’on récusait sur ce point le témoignage de Boèce[2], ce que nous apprend Procope de la conduite qu’elle tint pendant le siège de Rome par Totila[3], suffirait à prouver que dans cette âme d’élite, aux plus douces vertus de la femme se joignait l’intrépidité d’une héroïne. De ce mariage naquirent deux fils, Anicius Manlius Severinus Boetius et Quintus Aurelius Memmius Symmachus, qui devaient donner cette joie à leur

  1. « Quum Rex Francorum, convivii nostri fama pellectus, a nobis cytharœdum magnis precibus expetisset, sola ratione complendum esse promisimus, quod te eruditionis musicæ peritum esse noveramus. Adjacet enim vobis doctum eligere, qui disciplinam ipsam in arduo collocatam, potuistis attingere… Cytharœdum, quem a nobis diximus postulatum, sapientia vestra eligat, præsenti tempore meliorem ; facturus aliquid Orphei, quum dulci sono gentilium fera corda domuerit. » (In., lib. II, ep. 40.)
  2. Consol. phil., pages 65 et 69.
  3. Voy. la note 1 de la page xliii.