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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. I.

la nature. Je tiens déjà un des éléments de ta guérison, le plus efficace de tous : c’est l’idée juste que tu te fais du gouvernement du monde, en ne l’attribuant pas à l’aveugle hasard, mais à l’intelligence divine. Donc, ne crains plus rien. De cette imperceptible étincelle va bientôt jaillir à tes yeux une flamme vivifiante. Mais comme il n’est pas temps encore de recourir à des remèdes plus violents, et comme l’esprit humain est ainsi fait qu’une vérité ne peut en sortir sans qu’une erreur n’y entre avec tout un cortège d’hallucinations qui troublent sa lucidité, je vais essayer de diminuer les tiennes par quelques légères fomentations. Les illusions mensongères qui t’aveuglent une fois dissipées, à son éclat même tu reconnaîtras la véritable lumière.

XIII

Qu’un nuage sombre
Étende son ombre
Sur un ciel serein,
Cachés sous ce voile,
Les feux de l’étoile
S’allument en vain.
Quand des mers profondes
L’Auster furieux
Soulève les ondes,
Les flots radieux
Dont la transparence
Avait l’apparence
Et l’éclat des cieux,
Sous un noir mélange