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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. I.

À chaque jour sa fonction !
Ainsi Dieu l’ordonne et l’exige ;
Il ne souffre pas qu’on corrige
Les lois de la création.
Déranger leur vaste harmonie,
C’est introduire dans la vie
Le trouble et la destruction.

XII

« Et d’abord permets-moi de t’adresser quelques questions. Après avoir examiné et sondé l’état de ton âme, je saurai mieux quel genre de traitement il faut t’appliquer. — Interroge-moi comme tu l’entendras, dis je, je te répondrai. — Penses-tu, reprit-elle, que ce monde marche sans but et à l’aventure, ou es-tu persuadé qu’il est gouverné selon les lois de la raison ? — Certes, répondis-je, je n’ai garde de croire que le hasard préside à des mouvements si bien réglés. Je sais au contraire que le Créateur veille sur son œuvre, et me préserve le ciel de douter jamais de cette vérité ! — En effet, dit-elle, car tout à l’heure tu as exprimé en vers la même conviction. Tu déplorais que les hommes fussent exclus de la sollicitude divine ; mais tu ne mettais pas en doute que le reste de la création ne fût gouverné avec intelligence. Aussi ne puis-je assez m’étonner que, soutenu par des pensées aussi saines, tu sois pourtant si malade. Mais pénétrons plus avant. Je soupçonne ici quelque lacune. Dis-moi, puisque tu ne contestes pas que c’est Dieu qui règle le monde, sais-tu aussi par quelles lois il le règle ? — Je comprends à peine, répondis-je, le sens de