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as déjà tes soucis, tes craintes ; tu ne vas plus t’appartenir, et tu vas t’imaginer qu’un autre t’appartient. Tu vas te marier… Est-ce que tu as peur qu’il ne t’enlève ton fiancé ?

— Je ne sais ; mais j’ai tout à craindre : il y a tant d’antipathie entre eux ; ou, pour mieux dire, Philomaque déteste si fort mon pauvre Philirène, qui, je crois, ne peut haïr personne, lui !

— Et c’est pour cela que tu l’aimes tant, toi, douce colombe.

— Vraiment, je ne puis le dire. Je ne sais si j’aime comme vous dites avoir aimé vous-même, comme on aime dans les poèmes et dans les drames que j’ai lus. J’aime avec calme et sécurité, avec un bonheur suave, comme cette légère brise qui nous apporte les parfums de la campagne ; j’aime avec la certitude d’être aimée toute seule, parce qu’il me paraît impossible