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vous ne l’aviez vu, Mirzala ; êtes-vous bien sûre d’avoir pu le reconnaître ?

— Oh ! ma chère, comment oublier cette mine si mâle, si fière, surtout lorsque l’on a vu dans sa vie, comme moi, derrière un voile et à la dérobée, tout au plus une douzaine de figures d’homme ?

Politée prenant un air indifférent : — Oui, j’avoue, dit-elle, que sa physionomie était assez remarquable, quoique trop guerrière pour notre siècle pacifique. C’eût été une belle tête pour les tableaux de bataille des vieux peintres de l’empire français. Mais quel triste avantage ! Pour toi, Mirzala, qui connais mon cœur, tu sais que cette image en est dès long-temps effacée ; c’est l’orgueil de femme outragée qui souffre en moi, et me ferait presque désirer la vengeance si je n’étais chrétienne ; et depuis huit ans je n’ai pu m’accoutumer à l’humiliation si publique de mon amour-propre