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Quelle tête politique chez les anciens eût pu imaginer la possibilité d’un état social sans esclaves ? Le vaste esprit d’Aristote et la belle inspiration de Platon n’eussent pu, je ne dirai pas pressentir, mais même comprendre qu’une seule ville d’Italie finirait par conquérir et par civiliser un monde deux fois plus grand que celui qu’ils connaissaient. Quel génie, au dix-septième siècle, eût pu concevoir l’idée de ce qui se passe depuis cinquante ans dans les deux hémisphères ? L’honnête et quelquefois amusant déclamateur Mercier, qui crut, il y a une cinquantaine d’années, rêver l’an 2440, ne poussait pas même jusqu’au gouvernement représentatif, aux pantalons et aux cheveux à la Titus. Il ne va pas plus loin que les idées de quelques philosophes et économistes français en vogue de son temps ; et sa monarchie philantropique, qui n’est qu’une modification du pouvoir absolu, ne parait guère plus avancée que les têtes de ses