d’abord assez embarrassé en parcourant l’immense répertoire de visions, de prévisions, de prophéties, livrées ainsi à ma discrétion. Trois cent trente-trois gros cahiers in-folio, composant ce trésor sibyllin, m’offraient, dans le plus grand désordre et sans dates précises, l’avenir de chaque contrée du globe. Apparemment aucun moyen magnétique n’avait pu mettre l’interrogateur à même de fixer une sorte de chronologie future. Les somnambules se contredisaient toutes à cet égard, autant que j’ai pu le comprendre par ses notes marginales. Tout ce que j’ai entrevu, c’est que les plus grands efforts prophétiques n’ont pas atteint au-delà du vingt-unième siècle de notre ère. Encore tout paraît-il couvert de nuages et d’obscurité dans les élans de la pensée visionnaire vers cette époque. Cela se conçoit aisément, à voir les changemens prodigieux qu’un siècle opère sur la face du monde.
Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/56
Cette page a été validée par deux contributeurs.