On trouve dans le livre la plupart des opinions des économistes, et toutes les haines, et tous les enthousiasmes, et tous les jugemens impitoyables sur le passé, de l’école philosophique et sentimentale du dix-huitième siècle, et avec cela, à côté de chaque perfectionnement dans l’avenir, une interminable critique du présent, accompagnée de longs mouvemens oratoires. Mais comment peut-on éviter de porter l’empreinte de son époque, à quelque originalité qu’on puisse prétendre ? Toujours est-il que dans le long fatras des prédictions de Mercier il s’en trouve beaucoup de réalisées et qui sont aujourd’hui presque de la vieille histoire. La comparaison de son avenir avec notre présent est amusante surtout pour cela.
Je me souviens de m’être essayé dès long-temps dans ce genre, et sans beaucoup d’effort d’esprit, car il y avait déjà un commencement d’exécution à ma prophétie. C’était en 1822 : l’insurrection grecque avait éclaté et à-propos du curieux panorama de l’Athènes des Turcs, je publiais dans le Miroir l’article suivant, que je demande la permission de reproduire, par une faiblesse d’auteur retrouvant d’anciens opuscules.
Athènes en 1840.
» Grâce à l’illusion du Panorama, nous avons pu voir Athènes. Mais quelle Athènes ? Ce n’est plus celle de Périclès ! C’est Athènes telle que le temps, la guerre, la barbarie et les Turcs l’ont faite. Le peintre a rendu sa toile éloquente. Il fait détester encore plus le despotisme.
» Je n’essaierai point de relever par la pensée toutes ces nobles ruines, en me transportant aux jours où tant de grands hommes circulaient sous les élégans portiques dont je vois à peine les traces : de trop pénibles rapprochemens naissent de cette fiction déjà souvent reproduite. J’aime mieux me livrer à des images plus consolantes. Je laisse la comparaison du passé avec le présent, pour celle du présent avec l’avenir. Je m’ef-