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triel qui la rappetissent tout en excitant en elle un stupide et impuissant orgueil !

» Pensez-vous que chacun des cinq cent mille soldats, cortège d’un conquérant, qui parcouraient avec lui la terre en renversant tout sous leur passage, ne sentait pas sa propre valeur doublée par l’idée qu’il avait de la valeur de son chef ? Chacun d’eux ne se croyait-il pas plus grand de deux coudées, et n’était-ce pas la cause de l’irrésistible impétuosité de ces torrens d’hommes ? Et voyez-vous de pareils exemples d’exaltation et de dévouement dans ces armées philantropiques qui se battent pour leur intérêt ou avec la prétention plus ridicule de le faire pour le bien de leur ennemi, en obéissant sans entraînement, sans passion, à quelque chef rachitique et impotent qui s’évertue à leur démontrer par qu’il les commande le plus savamment du monde et pour le plus grand bien du plus