l’Europe, sans en excepter la France, entraîne la disparition de tous les sites qui devaient leur effet pittoresque à une nature inculte. Déjà il y a deux siècles, la forêt historique de Sherwood, séjour du Robin de la vieille Albion, était défrichée et envahie par l’orge, le houblon et le navet. Avant peu, on ne pourra plus se faire une idée de ces vastes et tristes espaces couverts de la sombre et poétique bruyère, où l’imagination du grand Shakspeare sut rendre si terrible l’apparition des sorcières de Macbeth. Tout cela est chaque année labouré, semé et moissonné par l’inévitable et imperturbable vapeur. Le comité a cru devoir en acquérir six mille acres. Mais ses efforts pour y réunir quelques lièvres n’ont pas été heureux, quoiqu’il n’ait épargné ni soins ni dépenses ; il sera absolument nécessaire d’en faire acheter dans le midi de l’Europe. Quant au renard, nous avons acquis la triste certitude que ce précieux quadrupède
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