Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.

je saurai soulever, mieux qu’ils ne le peuvent faire, l’immense levier de la science.

— Savez-vous, Philirène, que voilà un mouvement superbe ; mais l’amant n’y paraît plus autant, et je commence à n’y voir que le philosophe.

— Vous avez raison, dit Philirène, un peu confus de l’observation. Mais, voyez-vous, nous ne sommes jamais mus par un motif unique et sans alliage ; tout se mêle un peu dans ce monde. Je vais vous parler à cœur ouvert. Sans l’amour, je n’aurais pas pris si promptement mon parti ; mais une fois mon parti pris, je ne suis pas fâché de laisser la philantropie s’en faire honneur. Vous savez bien, Politée, que je suis d’une franchise peu commune ; je me laisse voir à jour, et c’est peut-être pour cela que je ne réussirai jamais auprès des femmes, qui veulent toujours de l’illusion, qui ont toujours besoin d’être trompées.