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— À Dieu ne plaise, cher Eupistos, que je veuille ôter aux autres un bien que j’envie pour moi-même. Au contraire, après avoir exposé mes doutes, comme un malade ses infirmités, je vais vous montrer, non les remèdes héroïques, car je n’en ai pas, mais les palliatifs que j’y applique. Croyez-vous que si je n’avais quelque idée d’être bon à quelque chose, de remplir un ministère agréable à Dieu ; croyez-vous que je consentisse à mener la vie agitée, souvent pénible que je mène, et à traîner ainsi le boulet de la civilisation, moi qui aimerais cent fois mieux vivre tranquille dans un coin ignoré de la terre, vivre de la vie pastorale dont l’image m’enchante dans la Bible et les poètes antiques, de cette vie monotone et souvent solitaire, où l’industrie humaine me laisserait en repos, où je ne serais plus assourdi du bruit, importuné de la vue de ses machines, où je serais en présence de la simple nature, n’ayant à craindre