Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.

découragement. Mais j’en suis à douter que les hommes soient à la fois meilleurs et plus heureux que dans le passé. Je vois bien de nouvelles misères remplacer les anciennes, bien de nouveaux besoins naître de la multiplicité des jouissances, et en supposant que le mal physique ait diminué, le mal moral, celui qui est le produit des actes de la volonté humaine, n’a-t-il pas peut-être augmenté ? Sans doute ce mal ne se fait plus aussi violemment, aussi brutalement qu’aux temps d’ignorance et de barbarie ; mais au point où les lumières sont répandues chez les peuples, il a dû revêtir d’autres formes, des formes polies et élégantes ; ce n’en est pas moins le mal, et comme la moralité d’un acte s’apprécie moins par le résultat matériel que dans son rapport avec l’intelligence de l’agent, je dis que même en faisant moins de mal, mais avec plus de réflexion, l’humanité éclairée serait plus méchante que l’humanité barbare et passionnée. Celle-ci