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sible. Je voudrais arriver à cette foi exaltée du psychologue pur qui, poursuivant l’absolu d’argument en argument, se débarrasse peu à peu de la matière comme d’un vêtement trop lourd, et finit par la nier tout-à-fait. Mais, quoique ce parti soit fort commode, il ne dépend pas de moi de le prendre. Je n’ai donc pas le bonheur de pouvoir nier la matière, et j’ai le malheur de ne pouvoir l’estimer comme la source du bien.

— Sans doute, dit Eupistos, la matière est imparfaite, et j’ai, moi, le bonheur de croire qu’en elle est le seul principe du mal. Mais ne croyez-vous pas comme moi que la somme du mal a constamment diminué, et, d’après la loi de progression, doit diminuer encore sur la terre, jusqu’à l’époque où il en aura entièrement disparu ?

— Eh ! voilà, mon cher, la porte par laquelle j’ai toujours cherché à échapper au